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Élodie Gaden

Comédie, tragédie et drame bourgeois au XVIIIème

Après l'importance prise au XVIIème siècle, par le théâtre, (avec les trois figures majeures de Molière, Corneille et Racine), il semble que le XVIIIème siècle face pâle figure. En effet, trois siècles après, on a aujourd'hui en tête un XVIIIème marqué plus par l'essor du roman et des textes philosophiques que par le théâtre.

Pourtant, malgré cette impression, le XVIIIème siècle est passionné de théâtre. En effet, on aime vraiment aller au théâtre, voir des représentations, justement des pièces du Grand Siècle. Alors que pendant le règne de Louis XIV, l'esprit dévot (cf le parti janséniste) condamnait le théâtre, après la mort de Louis XIV, la période de la Régence marque une période plus débridée sur le plan des divertissements.

D'autre part, le théâtre est au centre d'un débat d'idées dont témoignent certains textes théoriques écrits par les Lumières et notamment Diderot et Rousseau. On s'interroge à la fois sur la moralité du théâtre et sur le jeu de l'acteur (par exemple : Diderot, en partisan de la pantomime (on fera un lien vers la pantomime traitée dans un article consacré à Diderot, le Neveu).

Héritages et tendance nouvelles du théâtre au XVIIIème :

La tragédie, genre à l'honneur au XVIIème va perdre son importance et se transformer : elle est notamment représentée par Crébillon père et Voltaire. Le premier en fait une sorte de drame sanglant très expressif : il inclut sur scène des scènes atroces qui contrastent avec les règles de bienséance qui prévalaient au XVIIème (par exemple, dans une des pièces, un père boit le sang de son fils.) Le genre s'oriente petit à petit vers une tonalité dramatique.

Voltaire écrit environ une vingtaine de tragédies dont les plus connues sont Zaïre et Mérope. Pour sa part, il est beaucoup plus respectueux des règles du XVIIème. S'il est admirateur du classicisme et de la simplicité du style de Racine, il paraît même obsédé par le style racinien et ne parvient à créer un nouveau style, à s'émanciper de la tutelle qu'il s'impose.

La comédie : les pièces de Molière sont très appréciées, et laissent leur trace dans le théâtre du XVIIIème. Molière a exploité une partie importante des ressors du comique et les dramaturges du XVIIIème s'inscrivent dans les sillons qu'il a creusés. Certains dramaturges choisissent la farce et l'intrigue (dans la lignée de la commedia dell' Arte), d'autres exploitent la veine sentimentale.

Pourtant, des tendances nouvelles vont s'affirmer peu à peu : le grand rire moliéresque se perd, on affine le grain. La comédie s'oriente vers la critique plus virulente, ou bien vers l'attendrissement (par exemple la peinture de l'amour) : le théâtre est par certains aspects associé aux modifications de la société de l'époque. Les deux dramaturges majeurs sont Marivaux et Beaumarchais.

On peut aussi noter l'apparition au XVIIIème d'un genre nouveau, qui disparaîtra avec le siècle, le drame bourgeois. Ce genre crée par Diderot se situe entre comédie et tragédie. Il présente une peinture réaliste des milieux bourgeois, milieux qui se prêtent bien au comique. Mais le sérieux du ton vient de la gravité des malheurs qui menacent les héros. Le but de ces drames est clairement d'émouvoir et se veut moralisateur. Le drame met en scène des gens communs, de basse condition. Les passions de la tragédie classique et les caractères de la comédie classique sont remplacés par la peinture des conditions et des relations de famille, comme en témoignent les titres des œuvres : « le négociant de Lyon », « le fils naturel », « le père de famille » ou encore « la mère coupable ». pour synthétiser on peut citer Félix Gaiffe : « Le drame est un genre nouveau crée par le parti philosophique pour attendrir et moraliser la bourgeoisie et le peuple en leur présentant un tableau touchant de leurs propres aventures et de leur propre milieu. »

Mais le drame connaîtra un échec car le théâtre est un art et les auteurs de drames en ont fait un moyen asservi à la propagande philosophique. De plus, les morales des drames ont vieilli et ne correspondent plus à l'horizon d'attente du lecteur des siècles suivants. On peut mettre en résonance les textes des drames bourgeois avec les tableaux peints par Greuze.