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Solenne Beck (février 2006)

Introduction - L'idée de Bonheur

Le bonheur est un thème majeur de l'art. Objet d'une quête personnelle ou collective, la question suscite de nombreux débats littéraires et philosophiques. Mais pourquoi cette réflexion sur le bonheur est-elle si chère à l'homme et aux grands penseurs ? N'est-ce pas parce que la société est en perpétuelle mutation et qu'elle pose sans cesse de nouveaux problèmes sur le sujet ? En effet, être heureux devient une réelle revendication.

La question du bonheur s'articule autour de deux axes : celui du progrès et celui du salut de l'homme. Pascal ne croit pas en la possibilité d'un bonheur immédiat, au contraire il plonge l'homme dans un sentiment tragique de l'existence. L'homme n'a alors pour seule perspective que son salut.

Tandis que d'autres, comme Voltaire, s'y opposent farouchement : ils croient en un homme nouveau. L'homme est en marche vers le bonheur grâce au développement des sciences et à l'essor économique. On retrouve cette apologie des sciences et du luxe dans son poème Le mondain, mais aussi dans un article de l'Encyclopédie intitulé "Luxe" qui développe l'idée que le progrès technique et matériel entraîne un mieux-être moral. C'est pourquoi, l'accomplissement du bonheur pour l'homme se fait ici-bas. Il faut profiter de la seule existence dont dispose l'homme, l'existence terrestre.

Ainsi, le devoir de l'homme, pour Montaigne, est de rechercher les plaisirs. Dans une certaine mesure, Montaigne et Voltaire exaltent une morale proche de celle des épicuriens et des libertins, en satisfaisant les plaisirs du corps et de l'esprit, mais aussi en appréciant les vertus de l'art et du progrès.

Cependant, certains philosophes, comme Rousseau, voient dans le progrès l'aliénation de l'homme. Au rebours de la confiance au bonheur matériel à venir, on rêve d'un paradis perdu qui garantirait à l'homme une innocence originelle. Nostalgie de la nature que l'on retrouve chez Rousseau : la sensibilité et l'émotion sont sources de ravissement. Plus mesuré, Diderot considère le travail et la modération comme deux vertus essentielles au bonheur.

En effet, on s'intéresse également aux possibilités d'un bonheur collectif. Le moi individuel fait place au bien public. Rousseau, par exemple, croit en une pédagogie de l'épanouissement humain. L'homme utile doit s'employer à construire le bonheur de l'humanité. Le bonheur tend à s'inscrire au sein d'un débat politique. Ainsi, pour Montesquieu, le meilleur gouvernement est celui qui apporte au corps social le plus de bonheur. Diderot plaide pour que la notion de bonheur soit "la base fondamentale du catéchisme civil." Il s'agit donc d'articuler le bonheur individuel et collectif.